Mois de la femme : “ Les grands hommes se forment sur les genoux de leur mère ”
A Kindu, chef-lieu de la province du Maniema, la journée du 8 mars a permis aux protestants, catholiques et musulmans d’invoquer la bible et le coran pour parler des droits de la femme.
La journée internationale des droits de la femme a été particulière à Kindu, chef-lieu du Maniema, à l’est de la RDC. A la place des conférences et défilés habituellement organisés lors de cette journée, associations de femmes, autorités administratives, société civile, habitants…, se sont donné rendez-vous à l’esplanade de la ville pour célébrer un culte œcuménique spécialement consacré à la femme.
Mgr Joseph Bitingo, de l’Eglise du Christ au Congo a exhorté les parents, dans sa prédication, à donner une bonne éducation à leur jeune-fille.
Car “éduquer une femme, c’est éduquer toute une nation”.
Citant la bible, l’évêque a donné l’exemple d’Esther qui est parvenue à sauver les israélites de l’épée d’Hamann. “Cette fille a réussi jusqu’à devenir Reine suite à sa crainte de Dieu et à l’éducation reçue de son oncle Mardochée”, a-t-il rappelé. Il exhorte les femmes à se “distinguer dans leur comportement et travail pour espérer être élevées comme ce fut le cas d’Esther”.
Une femme contre 1 000 hommes
De son coté, Cheik AdjiYunusa, l’Iman chef de la Communauté islamique au Congo a invoqué l’une des 114 sourates du Coran consacrée aux femmes. Il s’agit de la quatrième, dite sourate des femmes [Ndlr : An-nisâ]
“La femme est la propriétaire de la maison, c’est elle qui assure la gestion de tout dans nos ménages. La réussite d’une femme vaut mieux que celle de 1 000 hommes”, a-t-il cité.
L’iman prévient que si une femme est détruite, c’est toute une nation qui l’est. C’est pourquoi, “les hommes et les femmes doivent travailler ensemble”.
“Les grands hommes se forment sur les genoux de leur mère”, a pour sa part fait savoir le prélat catholique, Mgr Willy Ngumbi, du diocèse de Kindu. Pour lui, l’homme ne vaut rien sans la femme, d’où son exhortation aux hommes de travailler main dans la main pour l’émergence de celle-ci.
De la parole aux actes
Côté des officiels, Tutu Salumu, gouverneur de province, considère que cette cérémonie particulière est un appel à la femme du Maniema pour son émergence dans la sphère politique. La journée du 8 mars, consacrée à la défense des droits de la femme est placée cette année sous le signe du travail décent en RDC. D’où le thème national :
«RDC 50-50 à l’horizon 2030, investir dans le travail décent et le plein emploi dans un climat de paix et d’équité».
Selon l’Ong Maniema Liberté, la province est l’une des provinces de la RDC où la femme ne se retrouve pas du tout dans la gestion de la chose publique. L’Ong en veut pour exemple ces statiques : tous les 24 députés provinciaux du Maniema sont des hommes, une seule femme est ministre provinciale contre 9 hommes, une seule femme est cheffe de collectivité contre 32 hommes. Il faut agir par l’exemple au lieu de multiplier des discours qui restent sans effet, a recommandé Maniema Liberté dans son rapport de 2016.
Durant tout le mois de mars, au Maniema, les femmes vont organiser une table ronde, un forum ainsi que des émissions radios pour marteler sur le respect des droits de la femme.
Source : www.syfia-grands-lacs.info