#HistoireManiema : Focus sur la culture ” LEGA “

Les lega sont un peuple forestier bantou d’Afrique centrale, établi principalement en république démocratique du Congo (RDC), à l’est du fleuve Lwalaba (le fleuve congo), jusqu’en altitude dans les Monts Mitumba, dans les provinces du Nord-Kivu, du Sud-Kivu et du Maniema.

Le totem de lega est le pangolin.
ETHNONYMIE

Selon les sources, on observe les variantes suivantes : balega, baleka, balegga, barega, kalega, kilega, ileka, kirega, legas, mwenga lega, rega, shabunda lega, valega, vuaregga, walega, wareg
HISTOIRE
Les lega quittent la région du Nil blanc (nord-est de la république démocratique du Congo et nord-ouest de l’Ouganda), et plus précisément du royaume de bunyoro, au cours du XVIème siècle pour s’installer sur la rive est du Lwalaba. ils ont puisé un fort sentiment d’identité nationale dans les conflits ethniques ayant secoué le pays dans les années 1960 (crise congolaise). Ce sentiment d’identité nationale les poussa à la veille de l’indépendance, en 1960, à transformer l’association mutualiste Unerga (Union des enfants du peuple rega), créée en 1945 à Bujumbura (Burundi), en un parti politique rassemblant toute l’élite Lega. ils se considèrent comme une des grandes nations du bassin oriental du fleuve Congo. depuis les crises à répétition consécutives à l’indépendance de la RDC, le 30 juin 1960, les lega font partie des peuples réclamant une nouvelle réorganisation administrative en RDC, fondée sur des critères objectifs : homogénéité culturelle, démographie suffisante, superficie convenable, viabilité économique, … à la conférence nationale de 1992, les lega réitérèrent les mêmes revendications pour un état fédéral du Congo pluriethnique et multinational où le bulega formerait une province ou un état fédéré. la conscience d’une identité durable et forte fondée sur un capital culturel commun est source de richesse et participe à la diversité qui fonde une nation équilibrée et tolérante. jusqu’à l’éclatement de la guerre civile en 1994, de fortes colonies lega vivaient au Burundi et au Rwanda.

Les balega sont un peuple de la RDC. ils parlent la langue kilega et habitent le pays bulega. leur population est aujourd’hui estimée à plus de deux millions de personnes, dispersés à l’intérieur des frontières congolaises. le terme kilega (ileka) désigne à la fois la langue et la tradition, la culture et la civilisation du peuple balega. avec la colonisation, le bulega a été morcelé et attribués à plusieurs provinces du centre-est de la RDC:

• les chefferies de Wakabango et Bakisi dans le territoire de Shabunda, dans les chefferies de Lwindi, basile et Wamuzima dans le territoire de Mwenga, la région de Kinda du clan lega de bana-isuma du groupement de Mulamba en chefferie de Ngweshe dans territoire de Walungu et la région de Nkoto du clan de bana-Ngozi du groupement de Irhegabarhonyi en chefferie de Nindja dans le territoire de Kabare dans la province du Sud-Kivu;

• les secteurs de Beia, Babene, Ikama et Wakabango ii dans le territoire de Pangi et le secteur de Baleka dans le territoire de Punia (Baleka-Mituku)dans la province du Maniema;

• le secteur de Bakano dans le territoire de Walikale dans la province du Nord-Kivu ;

• et enfin les secteurs de Mituku-Basikate et Mituku-Bamoya en territoire de Ubundu, la province de la Tshopo.


MIGRATIONS
Selon la tradition orale, les balega seraient venus du nord dans la région de makye-uele pour s’installer dans le bulega du bassin oriental du moyen-lwalaba. le mot makye (maze) ou makyi (mazi) signifie l’eau et Uele est le nom d’une rivière affluent de la rivière ubangi, lui-même grand affluent du Congo. L’expression Makye-Uele désignerait le pays des masses d’eaux ou des lacs et de la rivière uele. Ce pays correspond à la région du cours supérieur du Nil blanc, des lacs du nord-est de l’actuelle république démocratique du Congo et du nord-ouest de la république de l’Ouganda), et le Haut-Uele. c’est cette région à la confluence de deux bassins fluviaux (le Nil blanc et le Congo) qui est désignée comme le bulega ancien ou antique avant l’invasion de bacwezi, au début du deuxième millénaire post christum natum. par sa géographie, le bulega ancien ou antique se trouve au carrefour de deux axes fluviaux historiques, celui du Congo et celui du Nil blanc, ce qui lui a permis d’être un centre de contacts entre les civilisations. les balega seraient partis du bulega ancien ou antique, le pays de la dynastie kabalega, en laissant aux nouveaux conquérants un roi ou empereur Kabalega qui règne encore sur le bunyoro en République d’Ouganda. Le nom Kabalega désigne l’origine du roi ou empereur, kana ka balega, ce qui signifie le fils de balega.

Le bulega ancien ou antique s’étendait de part et d’autre de la rivière kalemba, connue actuellement sous le nom de Semliki, au pied du massif Rwenzori ou Lunsolo (runsoro) dans la tradition lega, jusqu’aux rives occidentales du lac Albert, et était habitée par plusieurs peuples. ce sont les balega qui ont donné au bunyoro un roi ou empereur. malgré la victoire militaire de bacwezi sur les peuples autochtones, ils laissèrent à la tête du puissant empire qu’ils formèrent la dynastie régnante d’origine balega. d’où l’origine du nom dynastique kabalega des princes du bunyoro. c’est le bulega du bunyoro que l’on appelle le bulega ancien ou antique (du lac Édouard jusqu’au lac Albert, de part et d’autre de la rivière Kalemba, Semliki, entre l’Ouganda et la RDC).

selon la tradition orale, les migrations de balega se sont faites pendant des siècles, par vagues successives, en suivant deux directions migratoires principales à partir du bulega ancien ou antique. comme pour toutes les migrations, les migrants ont besoin des repères naturels fixes et stables. les migrations de balega se sont faites en suivant les cours d’eau et des montagnes.
LA DIRECTION MIGRATOIRE OCCIDENTALE
La conquête du Lwalaba
La première direction des migrations de balega est la direction migratoire occidentale. elle est la plus ancienne et celle suivie par les premières vagues migratoires. la direction migratoire occidentale part du bulega ancien ou antique en direction de l’ouest vers le Lwalaba. la direction migratoire occidentale a connu deux lignes migratoires selon les cours de rivières Lindi et Aruwimi. les deux rivières sont des affluents de droite du Lwalaba, et leurs sources se trouvent dans le bulega ancien ou antique. l’aruwimi est connue dans la tradition lega sous le nom de Lohale et prend sa source dans la région de Bunia où elle porte le nom d’Ituri. la Lindi prend sa source un peu plus au sud dans la forêt de Kunda à l’ouest du massif Rwenzori ou Lunsolo (runsoro) dans la tradition lega. la elles se jettent toutes les deux dans le Lwalaba, respectivement au niveau de Kisangani et de Basoko.

selon la tradition, les balega dans leur première dispersion vont se rencontrer encore dans la région de Lubunga (lubunga Masanganano, ce qui signifie, l’espace ou lieu de rencontre) où les deux rivières se jettent dans le Congo. Lubunga est le nom de cette région où les esclavagistes arabes et arabisés vont créer la ville de Kisangani quelques siècles plus tard. Les deux ligne de la direction migratoire occidentale atteignent un but commun, la conquête du Lwalaba. cette première étape de la trajectoire migratoire, du bulega ancien ou antique jusqu’au Lwalaba est considérée par la tradition comme l’étape de la conquête du Lwalaba.
UN PEUPLE RIVERAIN DU LWALABA
La deuxième étape de la trajectoire migratoire de la direction occidentale est celle de la formation d’un peuple de riverains du Lwalaba. Les migrants Balega vont se sédentariser dans la région du moyen Lwalaba, de Basoko à Lindi à la confluence du Lwalaba et la rivière Ulindi (Lwindi). Certaines vagues de conquérants Balega remontèrent le Lwalaba jusqu’à sa confluence avec la rivière Elila (Lwelela). Les Balega qui vont se sédentariser dans la région du moyen Lwalaba vont former un peuple de riverains du Lwalaba dénommé Bene-Mituku, Bene-Metoko, Baleka ou Baleka-Mituku, connu sous le sobriquet Baleka ya mayi. Les Bene-Mituku, Bene-Metoko ou Baleka-Mituku est une portion du peuple Lega que l’on trouve à cheval de la province du Maniema (le Nord du uterritoire de Punia) et la province Orientale (territoire d’Ubundu).
LA CONQUÊTE DU PAYS DE L’ULINDI ET DE L’ELILA
La troisième étape de la trajectoire migratoire de la direction occidentale est celle de la conquête du pays de l’Ulindi (Lwindi) et de l’Elila (Lwelela). Les migrants Balega vont aller à la conquête des terres et occuper les pays des bassins des rivières Ulindi (Lwindi) et Elila (Lwelela), le pays de basse altitude entre le moyen Lwalaba et les lacs Kivu et Tanganyika. Selon la tradition orale, C’est à l’embouchure de la rivière Ulindi (Lwindi) que se situe le centre de la dispersion migratoire des Balega dans le bassin du moyen Lwalaba. Les migrants Balega se divisèrent en deux groupes : les conquérants qui voulaient continuer la migration et les sédentaires qui voulaient s’installer définitivement. Les conquérants sont représentés par la figure mythique de Kyendakyenda (Kendakenda ou Mwenda). Les sédentaires sont représentés par la figure mythique de Lulimba (Lulinda). En effet le nom Kyendakyenda (Kendakenda ou Mwenda) attribué aux conquérants provient étymologiquement du verbe kwenda, partir en français, et il signifie celui qui aime partir, voyager ou celui qui est toujours sur la route. Le nom Lulimba attribué aux sédentaires provient étymologiquement du verbe kulimba, rester en français, et il signifie ce ou celui qui est resté. Le nom Lulinda attribué aux sédentaires provient étymologiquement du verbe kulinda, attendre en français, et il signifie celui qui est attend, qui reste sur place en attente.
Avec Congo autrement.com

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