Maniema: Vive l’anarchie et la course vers le chaos!
Depuis l’élection et l’invalidation de Prospère Tunda au poste de Gouverneur, la province du Maniema s’alise dans le chaos. Entre menaces de fermeture de l’Assemblée provinciale et injures contre les députés provinciaux par des membres du gouvernement central, assassinats de paisibles citoyens et évasion des prisonniers, c’est l’anarchie absolue. La phase du non-retour semble avoir été franchie le 16 mai 2018 après la publication par le Gouverneur intérimaire d’un nouveau gouvernement provincial, lui qui est sensé gérer les affaires courantes en attendant l’élection du nouveau gouverneur.
Alors qu’il est en place pour assurer la continuité de l’Etat en attendant l’organisation d’une nouvelle élection du gouverneur et Vice-gouverneur, Jérôme Bikenge Musimbi pose des actes qui relèvent de la compétence d’un gouverneur élu et non seulement. Il est devenu également une véritable cause de tensions sociales et politiques dans sa juridiction depuis qu’il a appelé publiquement à « voter de nouveau pour le Président Joseph Kabila ».
Après la publication de son équipe remaniée, des voies se sont élevées pour fustiger la violation flagrante et intentionnelle de la Constitution. C’est notamment celle du Ministre intérimaire des Finances (non reconduit), Modeste Kalukula qui, a déclaré au cours d’un point de presse que le remaniement ministériel ne doit être fait que par un Gouverneur élu et non pas par un intérimaire.
Le climat des désordres qui règne dans le Maniema ayant atteint son comble, la population se demande s’il ne s’agit pas d’une stratégie qui viserait à bloquer l’élan de développement qu’a connu cette province au cours de cinq dernières années.
L’impulsion de Joseph Kabila en panne ?
Les conséquences de cet imbroglio, dont la genèse remonte au refus de la Majorité Présidentielle d’accepter la défaite de son candidat à l’élection de Gouverneur remportée par Prospère Tunda Kasongo sont incalculables et risquent d’entacher les réalisations du Chef de l’Etat.
En effet, le silence de Joseph Kabila aux injures proférées contre les Députés provinciaux du Maniema par le Ministre de l’Urbanisme et Habitat Joseph Kokonyangi, à l’arrogance outrancière du Gouverneur intérimaire qui s’est arrogé les pouvoirs réservés au gouverneur élu et à l’insécurité qui a élu domicile dans la ville de Kindu où des assassinats ont été enregistrés ces derniers jours risque de couter cher à sa famille politique aux prochaines élections.
A ce propos, il est de notoriété publique qu’en République démocratique du Congo, les membres de l’exécutif national et des institutions provinciales ne font rien qui ne leur ait pas été impulsé par le Chef de l’Etat. Ce dernier reçoit des pluies d’éloges et de remerciements chaque jour et peut être logiquement critiqué quand ses collaborateurs gèrent mal. « Pourquoi il n’y a pas eu de condamnations publiques de cet appel à voter pour quelqu’un qui ne peut plus se représenter à l’élection présidentielle parce qu’empêché par la Constitution ? », s’interroge un député provincial du Maniema. Il déduit qu’en battant la campagne électorale précoce pour un candidat non déclaré et constitutionnellement inéligible, Jérôme Bikenge cherche à créer des troubles pour rester le plus longtemps possible à la tête du Maniema pour dit-il, « des intérêts inavoués ».
Avec alternance.cd