Maniema : le calvaire interminable des agents de l’ex-Sominki
Le 29 mars 2019, cela faisait exactement 22 ans depuis la Sominki Sarl avait été liquidée.
Sa dissolution avait été décidée par l’Assemblée Générale Extraordinaire des actionnaires de la SOMINKI Sarl, laquelle avait été substituée par la SAKIMA Sprl. Et le 6 mai 1997, le Décret n° 0035 autorisait la fondation de la SAKIMA Sarl à laquelle était cédés tous les titres et concessions de la SOMINKI dissoute.
Ils sont plus de 3700+ agents de l’ex-Sominki actuellement SAKIMA. Ils sont éparpillés dans les zones de Pangi, Kailo, Punia et Lubutu qui ont besoin d’une assistance sociale et humanitaire.
En 2005, le Gouvernement Congolais a cédé un nombre des concessions minières principalement d’or au Maniema et au Sud-Kivu de la Société SAKIMA au groupe BANRO CORPORATION pour régler à l’amiable un conflit avec la république.
Ledit accord demande à BANRO à l’article 5 d’assurer la liquidation de l’Ex-SOMINKI. Cette obligation contractuelle n’a jamais été appliquée et surtout la SAKIMA jusque là continue à traverser une période de vache-maigre.
L’article 5 de ce règlement à l’amiable stipule « BANRO s’engage, en tant qu’actionnaire majoritaire de SOMINKI en liquidation, à obtenir la clôture de la liquidation de cette société sous réserve de recouvrement par SOMINKI en liquidation de ses créances sur l’Etat, dont le montant sera déterminé par une commission ad hoc. Par ailleurs, les parties précisent que les différentes créances y compris celles des travailleurs de la SOMINKI en liquidation seront payées avec les produits de cette liquidation. »
Cette population est contrainte à vivre dans la misère la plus noire possible, qui est la raison principale des multiples cas de décès des agents, leurs épouses, leurs enfants et leurs dépendants.
A cette date, certaines sources affirment la mort de plus de 217 agents sans compter les membres des familles et les dépendants. Moins de 10% de ces agents ex-SOMINKI continuent à scolariser les enfants et à soutenir les soins de santé des membres de leurs familles.
Ces derniers ont vendu tous leurs biens pour couvrir les différentes situations de vie et aujourd’hui ils n’ont rien et absolument rien à recourir en cas de nécessité pour les besoins de la famille.
Il est à noter également que ces agents e-SOMINKI se retrouvent dans des zones d’exploitation minière artisanale où le coût de vie est plus élevé et il n’y a pas assez d’alternative pour vivre en dehors de l’artisanat minier. Toute cette zone est dominée par les ex-combattants maï-maï auto démobilisés qui momentanément créent de l’insécurité.
Cette souffrance arrive à diviser les familles ; lancées à la prostitution, les femmes et même les filles mineures, les jeunes garçons sont convertis aux creuseurs artisanaux et aux prostituées, les personnes âgées sont abandonnées à leur triste sort, dans l’ensemble, tous sont exposés au VIH/SIDA et aux IST, …
Intervenant sur Radio Okapi en avril 2014, le représentant des travailleurs de cette société, Jean Zabakulu a déclaré:
«Le 29 mars 1997, la Sominki a été dissoute et mise en liquidation. Curieusement, tous les expatriés ont été désintéressés et une infime minorité des Congolais triés au choix de l’employeur. Tous les autres, soit cinq mille travailleurs, croupissent dans la misère dans laquelle Banro nous a plongés.»
Le 29 mars 1997, l’Assemblée Générale Extraordinaire des actionnaires de la SOMINKI Sarl décidait de la dissolution et liquidation de la SOMINKI, laquelle avait été substituée par la SAKIMA Sprl. Et le 6 mai 1997, le Décret n° 0035 autorisait la fondation de la SAKIMA Sarl à laquelle était cédés tous les titres et concessions de la SOMINKI dissoute.
L’histoire de la SOMINKI date des années 1920 lorsque le Baron belge Edouard EMPAIN avait débuté des prospections minières à l’Est du Congo-Belge, prospections qui devaient aboutir à la création d’une compagnie à charte coloniale dénommée MINIERE DES GRANDS LACS AFRICAINS (MGL).
L’exploitation de ces mines devait financer la construction du chemin de fer du moyen Lualaba joignant la province du Katanga à la province Orientale en passant par la province du Kivu.
En 1969, MGL fusionna avec 3 autres sociétés minières de l’ex-Kivu : la KIVUMINES, la PHIBRAKI et la COBELMIN. La Direction Générale de la société née de cette fusion était installée à Kamituga mais le personnel qualifié de la COBELMIN venu du Maniema (Kindu, Kaïlo, Moga, Kasese, Kampene, Lulingu) avait supplanté le personnel de la MGL et de la KIVUMINES.
C’était le début de l’ascension fulgurante de Monsieur Alexis Thambwe Mwamba qui était venu de la COBELMIN/Kindu comme Chef du Personnel de la société. Thambwe Mwamba a néanmoins eu le mérite de recruter à Kamituga, pour l’administration de la société au Maniema, de jeunes diplômés des humanités et de jeunes universitaires venus de Lovanium après les manifestations des étudiants matés dans le sang par Monsieur Mobutu en juin 1969.
En mars 1976, une nouvelle société minière du Kivu (SYMETAIN), décida de rejoindre les 4 sociétés minières de l’ex-Kivu qui avaient déjà fusionné en 1969. Cette nouvelle fusion donna naissance à une société à capitaux mixtes dénommée Société Minière et Industrielle du Kivu, SOMINKI en sigle.