#HistoireManiema : Découvrons la Campagne de l’État indépendant du Congo contre les Arabo-Swahilis au Maniema

Les Campagnes de l’État indépendant du Congo contre les AraboSwahilis sont un ensemble d’opérations militaires menées par la Force publique de l’État indépendant du Congo (EIC) contre les états dirigés par les sultans bantous musulmans dans l’est de l’actuel territoire de la République démocratique du Congo de mai 1892 à janvier 1894. Au plus fort de l’engagement fin 1892, environ 100 000 Arabo-Swahilis répartis en plusieurs armées furent opposés à 120 Européens à la tête de 3 500 soldats réguliers, et davantage d’auxiliaires, sur un territoire de la taille de la France. Dans cet article, nous révenons uniquement sur la campagne menée dans la province du Maniema.

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Campagne du Maniema

Monument à Blankenberge (côte belge) à la gloire de Henri De Bruyne et Joseph Lippens. Celui-ci est toujours en place.
Sefu, un des fils de Tippo Tip, prit conscience de la menace. Le Marinel, en partance pour l’Europe, décida de nommer Dhanis à Lusambo, alors que Ngongo Lutete se préparait à attaquer le poste. Dhanis prit l’initiative, et combattit Ngongo Lutete le 23 avril, ainsi que le 5 et le 9 mai. Les deux premiers engagements furent incertains, mais le troisième fut le plus dur, et finalement décisif. Un moment à l’avantage des troupes de Ngongo Lutete, ceux-ci furent finalement défaits. Ce à quoi les troupes de l’EIC répondirent par une fusillade qui jeta la confusion chez les assaillants. Gongo Lutete se rendit sans conditions à Dhanis, et accepta d’entrer au service de l’EIC. Sa première mission fut d’établir un poste sur le Lomami à Gandu, sur la route vers Nyangwe et Kasongo.

Sefu, accompagné du chef Maniema Munie Moharra, avait entretemps attaqué et pris Kasongo, où l’EIC avait établi un poste dès 1889. Deux officiers, le sergent Henri De Bruyne et le lieutenant Joseph Lippens, furent pris à cette occasion. Les termes d’un cessez-le-feu avec l’EIC comprenaient notamment l’établissement d’une nouvelle frontière, et la remise de Ngongo Lutete. Ces conditions refusées, les Arabo-Swahilis marchèrent de Nyangwe et Kasongo vers Dibwe puis Ikere sur la Lomami3. Un moment gardés comme prisonniers à négocier, De Bruyne et Lippens furent poignardés le 1er décembre, puis les mains et les pieds coupés selon la coutume locale.

La bataille de Chige

Les forces de Dhanis comprenaient 7 Européens, 350 soldats réguliers, et un canon Krupp de 7-5. À cela s’ajoutaient les troupes de Ngongo Lutete, qui furent confiées au capitaine Oscar Michaux, et à Duchesne en second. Les troupes de Michaux rencontrèrent les Arabo-Swahilis à Chige, sur la rive gauche du Lomami3, à proximité de l’actuelle Tshofa4, le 22 et le 23 novembre 1892, sur la Lomami. Ceux-ci étaient au nombre d’environ 16 000 hommes, dont moins de la moitié étaient armés de mousquets, les autres de lances et d’arcs. Ngongo se plaignit de ce que ses hommes ne pouvaient se battre dans ces conditions (les fusils étaient mouillés par la pluie). Supposant une même difficulté dans l’autre camp, Michaux ordonna une attaque générale. La fuite suivit un bref combat. Environ 1 200 Arabo-Swahilis se noyèrent, 600 gisaient sur le champ de bataille, près de mille furent faits prisonniers.

Dhanis entama la poursuite des troupes en fuite en passant la Lomami. Ses forces comprenaient 6 Européens, 400 soldats réguliers, et 35 000 guerriers locaux issus des populations victimes des esclavagistes, commandés par leurs propres chefs.

Le lieutenant Jean Scheerlinck et le docteur Hinde commandaient l’avant-garde. Michaux et Ngongo Lutete les rejoignirent à Lusana. Se joignirent au fur et à mesure divers nouveaux chefs locaux, y compris certains qui, jusque-là, faisaient des affaires avec les esclavagistes. C’est à l’époque que les chefs de l’EIC apprirent la mort de Lippens et De Bruyne, ainsi que de l’un de leurs compagnons africains qui tenta vainement de les sauver. Ceux-ci furent désormais accompagnés des lieutenants Delcommune et Francqui arrivés du Katanga.

La seconde bataille se tint le 30 décembre à Goia Kapopa. L’avant-garde, constituée des hommes de Ngongo Lutete fut en un premier temps mise en fuite. L’arrivée de Dhanis et Michaux rééquilibra les forces, et la bataille fit notamment rage dans un marécage. Le canon Krupp fut des plus efficaces. Les Arabo-Swahilis laissèrent 200 hommes sur le terrain, alors que les forces de l’EIC ne comptaient que 80 morts et blessés.

Les troupes de l’EIC s’établirent alors pour une semaine sur le plateau de Gois Kapopa. Dhanis reçut des informations selon lesquelles Sefu reformait son armée, et que par ailleurs le lieutenant Florent Cassart les rejoignait. Il amenait une cargaison de 50 000 cartouches, escorté de trente Européens et 200 hommes de Ngongo Lutete. Ils furent attaqués le 9 janvier 1893 par Munie Moharra, mais rejoignirent Dhanis, n’ayant perdu que 7 hommes et quelques centaines de cartouches.

Cette bataille entre les troupes de Moharra et Cassart se déroula à proximité du camp de Dhanis ; celui-ci envoya De Wouter en renfort, qui prit ces hommes pour des renforts de Sefu, et ouvrit directement le feu sur eux. Mohara fut au nombre des tués. La nouvelle de sa mort brutale fut considérée comme barbare par les Arabo-Swahilis, et un signe de la détermination de l’EIC.

La prise de Nyangwe

La région du Maniema sous l’État indépendant du Congo
Sefu quitta immédiatement son camp de Kipango et se retrancha vers l’est, au-delà de la Lualaba, à Nyangwe. Il était notamment accompagné des chefs Nserera et Pembe, fils de Munie Mohara. Dhanis, sur leurs traces, ne put les attaquer à la suite de la rupture d’un pont. Les deux armées restèrent face à face de part et d’autre du fleuve (d’une largeur de près de 1 000 mètres à cet endroit) pendant cinq semaines (du 21 janvier au 4 mars).

Dhanis tenta de convaincre les Wagenias, une tribu de pêcheurs de la région, de mettre leurs pirogues à sa disposition, en vain, car les Wagenias étaient terrorisés par les Arabo-Swahilis. Il apprit cependant que les stocks de nourriture de Nyangwe étaient pratiquement épuisés, et Dhanis fit croire à Sefu, en lui offrant ses seules 6 volailles, que les siens étaient plus abondants. Les Arabo-Swahilis passèrent le fleuve pour y établir des fortins à proximité du camp de l’EIC. Dhanis attaqua en divisant ses adversaires en deux colonnes, infligeant une perte d’un millier d’hommes à l’ennemi, dont 150 morts dans la bataille et davantage par noyade.

Dhanis entreprit de bombarder la ville. Les Wagenias, voyant les Arabo-Swahilis en déroute, mirent à disposition de l’EIC leurs pirogues. Cent vingt furent réunies pour la nuit du 3 au 4 mars. Nyangwe fut dès lors capturée par surprise et sans grand effort dès midi. Sefu se replia sur Kasongo, à deux jours de marche.

La prise de Kasongo

À Nyangwe, les troupes de Dhanis eurent à affronter diverses épidémies (grippe et variole). Le 10 avril, ils reçurent une proposition de soumission de la part des chefs arabo-swahilis Bwana Nzige et de Pioma Lenga, qui fut refusée. Dhanis quitta la ville le 17 avril et se dirigea vers Kasongo, avec un renfort de 500 hommes emmené par le capitaine Cyriaque Gillain, chargé du contrôle de la Kunda, et le lieutenant Doorme. Ils étaient aussi accompagnés de Ngongo Lutete et de ses lieutenants Sanbua et Dengu. De Wouters resta à Nyangwe avec 100 hommes. Les Arabo-Swahilis disposaient encore de 60 000 hommes, et de 4 fortins autour de la ville. Dhanis ne pouvait compter que sur 300 soldats réguliers et 2 000 auxiliaires. Doorme parvint le 22 avril à enlever l’un des forts en attaquant par l’arrière. Surpris, les Arabo-Swahilis ne purent se défendre valablement et Kasongo fut pris deux heures plus tard. De nombreux fuyards se noyèrent dans la Musokoï. La confirmation de la mort d’Emin Pacha parvint aux vainqueurs à cette époque.

Le butin pris à Kasongo comprenait notamment 3 tonnes d’ivoire, 35 bœufs, 15 ânes, une tonne de poudre, 20 fusils à répétition et le journal d’Emin Pacha. De nombreux esclaves furent libérés et, pour certains, enrôlés.

Source : Wikipedia

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